Playlist

Bilal Hassani

C‘est une très belle mythologie, au sens de Roland Barthes. Les vidéos de Bilal sont extrêmement frivoles. Mais il y a une beauté en lui, il réussit à projeter des signes mixtes. Il maîtrise parfaitement les codes de sa génération. Cette histoire est très significative de notre monde. (Eric Marty)

The Rolling Stones

Il y a certes la musique, un des grands titres des Stones. Mais ce sont les paroles qui retiennent ici l’attention. Mick Jagger chronique, après une relation tumultueuse, la rupture avec le mannequin Chrissie Shrimpton, réputée dominatrice. Guerre des sexes ? Misogynie ? On retiendra « l’interprétation » du couple Ringer/Katerine, se jouant des genres (à découvrir en cliquant ici).

Philippe Carpentier

Lucia Lucas, « Pietà, rispetto, amore » (Macbeth)

« Lucia Lucas, première chanteuse transgenre programmée au MET » titraient France Musique et Forumopera en février dernier. Il semblerait que la « couleur d’homme » lui sied à l’opéra comme un gant. Évoquant ainsi une de ses meilleures productions, elle disait : « Il n’y avait pas d’histoire supplémentaire sur le fait d’être trans, ou une femme baryton, ou quelque chose comme ça. C’était simplement l’histoire faite comme elle se fait toujours, en costume masculin traditionnel »[1].
La « couleur de femme »[2] est pour elle au quotidien, avec sa femme, à moins que ce ne soit plutôt l’inverse ?

Anne-Élisabeth Labenne

3SEX – Indochine

Conçu au milieu des années 80 pour rendre hommage aux artistes glam rock de Bowie à Boy George qui cultivaient une certaine ambiguité sexuelle, le titre Troisième sexe a connu un succès phénoménal. Le tube collait à l’air du temps et à l’esprit libertaire et insouciant d’une époque où les questions sur le genre n’occupaient pas encore le débat sociétal. Le groupe français Indochine, à travers son leader Nicola Sirkis, a propulsé sur les ondes et les dancefloors un hymne à la différence et à la fluidité des genres.
Pas étonnant qu’à l’heure LGBTQ+, trente-cinq ans après, Indochine actualise ce manifeste en le reprenant avec l’artiste engagée Christine and the Queens, et en le rebaptisant « 3SEX » dans un clip noir et blanc sublime.

Isabelle Rialet-Meneux

The Stranger Song – Leonard Cohen

Cette chanson du poète Leonard Cohen, datant de 1967, nous rappelle que la rencontre engage à apprendre à parler la langue de l’Autre. Dans la formule « I told you when I came I was a stranger », l’équivoque se fait entendre : le sujet est un étranger pour l’autre comme pour lui-même. Cette part obscure et intime se joue dans la partie de poker que l’interprète choisit comme métaphore, pour chanter chaque portrait d’homme dans sa rencontre avec l’Autre sexe.

Rebel rebel – David Bowie

Rebel rebel - David BowieE En 1974, l’album Diamond Dogs annonce la fin du cycle des métamorphoses de David Bowie. Icône du glam rock, « unique en son genre »  [1] il ne veut plus s’identifier à Ziggy Stardust, double qu’il s’était créé pour être enfin reconnu sous les feux de la rampe, « brouillant

Gentils coquelicots Mesdames

Comment ne pas penser, avec notre belle affiche, à cette comptine populaire enfantine, Gentils coquelicots mesdames ? Dans « Le silence des coquelicots », Michel Chandeigne traduit pour nous cette chanson moins légère qu’elle n’y paraît : « Ce bel air évoque la transformation de la jeune fille en jeune femme après ses premières règles. Le coquelicot est l’image des lèvres du sexe rougies par le sang menstruel. » [1] Après l’éclosion de l’amour avec le rossignol qui chante, les choses se corsent. « À peine [la jeune fille] s’empare-t-elle de trois brins, que l’urgence est de la prévenir du danger : les hommes, prédateurs dont il faut absolument se défier. La sentence est sans appel, ils “ne valent rien”, les garçons “encore moins” »[2]. Nous voilà donc au cœur de notre thème : l’affaire sexuelle. Si le traitement qui lui est réservé dans la chanson est largement désuet, il nous rappelle que chaque époque tente de répondre à la jouissance du corps qui, toujours, fait désordre. Elle est l’occasion de souligner que dire « les hommes » aussi bien que « les femmes », comme ensembles, élude le réel de l’affaire, soit comment chacun se débrouille de son propre coquelicot, unique, ce qui ne coïncide jamais tout à fait avec soi-même.
L’illustration que nous propose Philippe Carpentier avec Ophelia, le tableau de John Everett Millais, nous rappelle par ailleurs la signification mortelle du coquelicot, indice d’une jouissance en jeu. D’ailleurs, est-elle vraiment morte Ophéli ? Millais ne laisse-t-il pas le doute planer avec cette pose extatique ?
Sarah Camous-Marquis
[1] Chandeigne M., « Le silence des coquelicots », in Sigila, n°29, 2012. En ligne : https://www.cairn.info/revue-sigila-2012-1-page-81.htm
[2] Ibid.