– Ouvrages des invités –
- Rachel Khan
Racée, Paris, Éditions de L’Observatoire, 2021.
Incipit : « Ô Races, ô des espoirs!
Je suis racée.
Voilà tout.
Non pas comme le définit Le Petit Robert, parce que j’aurais des qualités propres à mon pedigree ou que mon élégance naturelle m’offrirait, de fait un port de tête altier. Non? Je suis racée parce que je porte en moi plusieurs races. Telle un Arlequin coloré ou une barbe à papa sucrée, c’est par un excès de races que je suis racée. »
Les Grandes et les petites choses, Paris, Éditions Anne Carrière, 2016.
Nina Gary a 18 ans. Par son héritage familial, elle est noire, juive, musulmane, blanche et animiste. Pour se libérer de ses ancêtres, elle court. Elle court le cent mètre et regarde le chronomètre. Elle court pour se trouver elle-même.
- Emma Becker
La Maison, Paris, Flammarion, 2019.
- Alice, Paris, Denoël, 2015.
- Mr, Paris, Denoël, 2011.
- Annie Cohen-Solal
Un étranger nommé Picasso, Paris, Fayard, 2021.
- Mark Rothko, Paris, Actes Sud, 2013.
– Littérature –
Colapinto J., Bruce, Brenda et David. L’histoire du garçon que l’on transforma en fille, Paris, Denoël, 2014.
Maïga A. (collectif), Noire n’est pas mon métier, Paris, Seuil, 2018.
Essai collectif initié par l’actrice française Aïssa Maïga. Seize actrices témoignent et font part de leurs réflexions sur les stéréotypes et discriminations en tant que comédiennes noires ou métisses.
Contribution de Rachel Khan « Sans entendre aucun bruit ».
Nelson M., Les Argonautes, Paris, Éd. du sous-sol, 2018.
Œuvre de non-fiction qui s’affranchit des genres littéraires établis, entre récit intime, réflexions théoriques. L’auteure (poétesse, essayiste, critique d’art) évoque son histoire d’amour et de couple relatant en parallèle deux transformations: la sienne par la maternité et celle de Harry né Wendy dans sa métamorphose physique. Elle tisse une réflexion sur le genre, la maternité et le sentiment amoureux.
Shalamani A., Eloge du métèque, Paris, Le Livre de poche, 2019.
L’auteure est née à Téhéran et arrivée à Paris avec sa famille en 1985 à la suite de la révolution islamique. Scénariste et journaliste, elle remet en lumière le terme « métèque » et l’élève au rang esthétique à part entière, celle du pas de côté. Voyage littéraire et cinématographique de Romain Gary à Ava Gardner, elle fait l’éloge des « sans-frontières, des sans-pays, des sans-terre ».
Barbey D’Aurevilly, Du Dandysme et de George Brummel, 1845.
Romancier, critique et polémiste, Jules Barbey d’Aurevilly (1808-1889), fut aussi un dandy singulier qui cultiva une mise exemplaire et cet « art aristocratique de déplaire » cher à Baudelaire. Dans son essai sur la vie et « l’oeuvre » de George Bryan Brummell (1778-1840), il trace le portrait du « Beau » anglais qui éleva la toilette au stade suprême avant de finir sa vie en France dans la misère et la folie. A travers ce destin, Barbey d’Aurevilly défend au-delà l’éclat de la grâce et d’une certaine philosophie de l’être et du style où l’on trouve beaucoup de lui-même.
Aubry G., Saint Phalle, monter en enfance, Paris, Stock, 2021.
Redécouvrir Saint Phalle ? C’est partir, avec Gwenaëlle Aubry, explorer un jardin, un ailleurs, où l’adulte annule la distance avec l’enfance, où l’artiste s’exprime de tout son corps, de tout son regard. « On dit tomber en enfance comme tomber amoureux : mais Saint Phalle n’est pas tombée, elle est montée en enfance. Son lourd legs elle l’a, comme on souffle un métal, transmué en légèreté. » L’auteure traverse le miroir pour nous montrer cette puissance de vie et de métamorphose à l’œuvre chez une des plus célèbres artistes du XXe siècle.
Gary R. (Emile Ajar), Pseudo, Paris, Folio, 1976.
Le narrateur du récit est Émile Ajar (ou Paul) en proie avec la question de l’identité et de la signature. L’auteur Romain Gary brouille les pistes dans ce roman où tous les noms se multiplient. Réflexion sur l’écriture, la littérature et son impuissance face au monde, sur le piège de l’identité ou la dépossession de soi.
Gary R., Chien blanc, Paris, Folio, 1972.
Seigle J.-L., L’Enfant travesti, Paris, Flammarion, 2021.
Dans ce premier tome d’une trilogie inachevée, l’auteur décédé en mars 2020, s’inspire de son enfance. Jean a cinq ans en 1960 et vit avec ses grands-parents sur la place du village de Vic-le-Comte, en Auvergne. Louise, sa mère, travaille en ville toute la semaine, et à son retour le week-end, elle le déguise, s’adresse à lui uniquement au féminin. D’une beauté à couper le souffle, elle est sans mari et convoitée par tous. Jean admire sa tante Véronique, « la divorcée », qui lui rappelle à chacune de ses trop rares visites qu’il est bien un garçon et non une fille. Le sexe de cet enfant est donc un enjeu pour ces femmes.
Desplechin M. (Collectif), L’Une et l’autre, 2015
Femmes, créatrices, audacieuses et libres.
Six femmes d’aujourd’hui racontent celles d’hier.
On ne naît pas femme ni écrivain, on le devient. À force de lectures et d’attention, à force d’indépendance et de liberté. Six romancières ont choisi de faire le portrait d’une écrivain qu’elles admirent, de raconter ces vies de femmes habitées par la création.
Chatterton Williams T., Autoportrait en noir et blanc, Paris, Grasset, 2021.
L’auteur explore la question de l’identité en prenant pour point de départ la naissance de sa fille aînée, Marlow. Dans une maternité parisienne, lorsqu’il voit pour la première fois la petite tête blonde et les grands yeux bleus de son bébé, Williams, lui-même « métis », pense à tous les gens qui voudront la désigner comme « blanche ». Assigner sa fille à une « race » a-t-il un sens alors que ses gènes et ses héritages culturels sont multiples ? Texte incisif mais également lettre d’amour à ses enfants, cet autoportrait raconte le cheminement identitaire d’un père américain dans la société française contemporaine.
Virgilli F. et Voldman D., La Garçonne et l’assassin, Paris, 2011.
Paris, 1911. Paul Grappe et Louise Landy s’aiment et se marient. Survient la guerre. Paul déserte, se travestit en femme pour ne pas être arrêté et, pendant dix ans, aux yeux de tous, vit avec Louise sous l’identité de Suzanne Landgard. En 1925, avec l’amnistie, Suzanne redevient Paul. Pour le couple, les choses commencent alors à se gâter…
A partir d’archives étonnantes (photos, lettres, journaux intimes, documents judiciaires), les auteurs racontent la très curieuse – et tragique – histoire de Paul et Louise, une histoire qui brasse les questions des traumatismes de guerre, du travestissement, de l’homosexualité, des « troubles dans le genre », de la virilité, des violences conjugales et de la complexité des sentiments amoureux.
Houston N., L’arbre de l’oubli, Paris, Actes Sud, 2021.
Quand s’ouvre ce livre, Shayna, qui n’est plus une enfant, arrive à Ouagadougou. Nous sommes en 2016. Elle porte en elle toutes les questions et contradictions de notre temps, celles du féminisme, de la procréation, mais aussi du genre et de la laïcité. Et c’est à l’écoute de ce personnage, de cette jeune femme à l’intériorité confisquée que Nancy Huston, entraînant dans son sillage de lumineuses interconnexions humaines, compose un roman virtuose et généreux.
Descombes V., Les embarras de l’identité, Paris, Gallimard, 2013.
L’identité, dans les acceptions que ce terme revêt aujourd’hui, est une véritable énigme lexicale . Jadis le mot voulait dire exclusivement qu’il n’y a qu’une seule et même chose là où on aurait pu penser qu’il y en avait deux. Or, depuis quelques dizaines d’années, le mot a revêtu une signification autre, à savoir qu’il y a une chose ou un être qui possèdent la vertu d’être singulièrement eux-mêmes. Pourquoi est-ce le mot « identité» qui se trouve désormais chargé de signifier l’enjeu et l’objet de tels conflits aujourd’hui? Tel est donc le point précis soulevé par le philosophe: dans tout cela, que vient faire le mot « identité» ? Et que reste-t-il du concept d’identité ?
Roth P., La Tâche, Paris, Folio, 2000.
Convoqué pour répondre à une accusation de racisme, le professeur et ancien doyen Coleman Silk, éminent spécialiste des auteurs de l’Antiquité, se voit contraint de mettre un terme brutal à ses fonctions. L’auteur décrit l’effritement inévitable d’un individu dont toute l’existence repose sur un mensonge: noir de peau très claire, il s’est toujours fait passer pour un Juif blanc. P. Roth aborde les faux-semblants, le politiquement correct, l’égalité des chances, la quête d’identité. Et le poids des secrets que chacun porte en soi.
Châtelet N., La Tête en bas, Paris, Seuil, 2003.
Noëlle Châtelet, toujours bien inspirée quand il s’agit de traiter du corps comme dans son essai remarquable Le Corps à corps culinaire ou ses récits formant Histoires de bouches raconte l’histoire d’un hermaphrodite. Avant, la petite fille se nommait Denise, son nom s’est mué en Paul, qui se souvient qu’il « était mutilé ». Maintenant, il a l’air « d’être farouchement lui-même ». L’auteure relate la difficulté de vivre son corps, de l’accepter ou de le refuser.
Winter K., Annabel, Paris, Édition Christian Bourgois, 2014.
En 1968, dans un village côtier du Labrador, un enfant voit le jour, ni tout à fait homme ni tout à fait femme, les deux à la fois. Les parents décident pour l’enfant quel sera son sexe aux yeux de la société. Il sera donc Wayne, mais, à mesure qu’il grandira, son autre « nature », Annabel refusera de se taire et l’accompagnera tout au long de sa découverte du monde, aussi fidèle que son ombre. L’auteure raconte la difficulté d’être, pour tous, les joies et les rêves d’un jeune tiraillé entre féminin et masculin.
*
– Bande Dessinée –
Bischoff L., Anaïs Nin, Sur la mer des mensonges, Paris, Castermann, 2021.
Le portrait de l’écrivaine et diarists dans les années 30 à Paris, moment de métamorphoses. Le titre renvoie à une citation: « Chaque homme à qui j’ai fait lire mes textes a tenté de changer mon écriture. Ecrire comme un homme ne m’intéresse pas. Je veux écrire comme une femme. Je dois plonger loin de la rive pour trouver les mots … sous la mer des mensonges…».
Hubert, Zanzim, Peau d’hommes, Paris, Éditions Glénat, 2020.
Hubert, Joe la pirate, Paris, Éditions Glénat, 2021
– Litterature jeunesse –
Love J., Julian est une sirène, Paris, L’école des loisirs, 2020.
Julian est avec Mamita, sa grand-mère. Leur métro s’arrête et des sirènes montent à bord. Julian adore les sirènes. « Moi aussi, je suis une sirène », dit-il. Une fois seul, il s’apprête, couronne sa tête de longues feuilles vertes qu’il orne de fleurs colorées, noue un long rideau crème à sa taille. Il est prêt. Mamita et lui partent main dans la main vers la parade.
Ponti C., Le Fleuve, Paris, L’école des loisirs, 2018.
Sur le fleuve l’Ongoh vivent d’un côté les Oolong (qui élèvent un bébé fille en garçon), et de l’autre les Dong-Ding (qui élèvent un bébé garçon en fille). Leur vie se déroule tranquillement, comme le cours du fleuve, jusqu’au jour où un monstre terrificateur apparaît, menaçant de dévorer tous les parents s’il n’obtient pas la potion qui le rendra éternel…